[CHAIR_S], #7 performeurs > Abbaye de Royaumont (F) 2018

Prototype V, 2017-2018

Dans le cadre du programme de recherche et composition chorégraphiques « De la musique pour la danse à la danse pour la musique« , la pièce [CHAIR_S] est présentée dans le réfectoire des moines de l’Abbaye de Royaumont avec 7 interprètes comme le nombre de la totalité de l’univers en mouvement, du cycle accompli et donc du passage vers le renouvellement positif du changement.

Les serviettes en papier molletonné utilisées par les résidents pendant 3 semaines à chaque repas dans le réfectoire journalier sont stockées et « archivées » pour témoigner du passage des hommes dans ce lieu et de la valeur des déchets de notre gaspillage quotidien.

Chorégraphie : Gilles Viandier – Composition : Alberto Carretero Aguado – Danseurs & chanteurs : Marta Capaccioli , Gaspard Charon, Marie Simon – Musiciens : Ahmed Amine Ben Feguira (oud), Nicolas Garnier (hautbois + basse électrique), Elsa Marquet-Lienhart (flûte alto), Clothilde Rullaud (flûte + chant) © Fondation Royaumont 2018 – Photos : Laurent Pailler

Chaises et Chair

Partie musculaire et comestible du corps animal ou végétal, le domaine de la chair n’a cessé de tourmenter la spiritualité humaine (vers une intériorisation/sacralisation croissante). Désignant la puissance diabolique habitant le corps jusqu’au principe le plus profond de la personne humaine, elle permet aussi de s’alimenter pour survivre. Ainsi l’espace du réfectoire concentre plusieurs paradoxes, lieu d’aspiration et de digestion, rassembleur de la communauté mais dévolu au noble silence, lieu d’écoute mais pas de représentation… Comment naît le verbe, le chant, la vie depuis les entrailles? Qu’est-ce qui tend l’anima vers la lumière? Comment trouver sa propre chaire dans la chair… et oublier le temps? Une pièce sur les multiples passages.

Critique par Olivier Normand, chorégraphe

« Gilles Viandier a choisi de travailler dans l’ancien réfectoire des moines de l’abbaye. Pour ce chorégraphe qui a aussi fait des études d’architecture, ainsi que pour le compositeur, la question du site, de ses lignes de forces physiques et architecturales aussi bien que symboliques, est au coeur de la proposition. Le public est ici installé sur des chaises en un large ovale qui semble encore agrandir les proportions de la salle en évoquant une orbite céleste aussi bien que les mandorles des théophanies chrétiennes. Cet espace est l’arène ou l’écrin d’un déploiement choral où la danse est menacée puis guidée par la présence des vents et de l’oud, et où la bousculade des corps cède bientôt à un nouvel ordre inauguré par la voix. La grâce d’un chant séfarade surgit de l’intérieur même des cahots de la chair. »