STREET PANTONE, #30 mètres > Europe 2015-2024

Dialogue avec une ville, un monument, un paysage…

Comment habiter singulièrement l’espace en commun des villes qu’une majorité d’entre nous se partage? Redessiner ses zones floues, jouer de ses flux, explorer sa nature architectonique et sensible, questionner ses vides et ses rebuts? En tissant la variété des vitesses et des échelles, un danseur avec son voile monochrome oblong comme l’onglet d’un nuancier de couleurs, révèle la plasticité des espaces par le déploiement du Pantone comme un pantin-fantôme des lieux, tenant dans une valise. En interrogeant l’activité de la rue, il invente des gestes constructifs, éloquents, et des images modifiées par le mouvement, invitant à la rencontre des corps habitants.

A la fois monumental et compact, élastique, coloré, élégant et aventureux, fragile mais persévérant… l’artefact Street Pantone en lycra de 30 mètres de long et 3 m de large est un tissu de la danse, dont il constitue certains costumes. A travers une approche de ressources minimales,  il porte avec lui certains symboles des nécessités humaines  (habit, abri, fil, tapis, rideau…), des références esthétiques (drapés classiques, drapeaux, plis, Land art de Christo & Jeanne-Claude, Loïe Fuller…) et des velléités architecturales. Comme un vecteur nomade et dynamique, lien et frontière, il défie l’artifice et l’édifice, métamorphose la réalité et le paysage, devient pinceau géant, spectre, acteur et leitmotiv d’un comic strip. A deux, ils se rendent perméables aux situations, voyagent, inventent des partitions, des rythmes et des états du jour.

Activé de façon performative par le danseur-architecte et chorégraphe Gilles Viandier, Street Pantone compose un duo singulier dans l’espace commun, créant des installations éphémères monumentales de forme itinérante, reliées au contexte, à l’histoire et à l’identité des lieux du patrimoine, de la ville, du paysage investis, entrant en dialogue avec le public et les habitants. Ils évoquent le marin et sa voile, le peintre et sa couleur, le voyageur et sa charge, l’ouvrier en action sur le chantier, l’architecte avec ses mesures, volumes, point et ligne sur plan (W. Kandinsky), le faune retenant le voile de la nymphe, le sari sans fin de Draupadi dans le Mahābhārataainsi que la dualité de la danse entre élan et gravitation, renvoyant aux mondes en marges ciel/oiseau et terre/serpent issus des mythologies égyptienne, grecque, romaine et dans les sociétés traditionnelles d’Afrique noire.

Avec Street Pantone, chaque installation ouvre un temps et un espace singulier pour la performance chorégraphique où le corps engagé physiquement et musicalement (chant lyrique / voix) tire profit du site, en dessinant des dynamiques et évoquant de multiples symboliques.